Ardèche Cerises : la drosophila suzukii gâche la saison
Faute de traitements efficaces, la mouche drosophile a fait de nombreux ravages dans les vergers.
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Dans son verger de 2,5 ha de cerisiers où de nombreux fruits pourris s’amoncellent au sol ou pendent encore aux arbres, Rémi Vernet se désole. « La drosophila suzukii a anéanti ma saison de cerises qui s’annonçait pourtant exceptionnelle. J’ai ramassé 7,5 t au lieu des 20 t escomptées. » La mouche qui pond dans les fruits se développe en à peine quelques heures. « J’ai vu des palettes entières destinées à l’expédition tournées en un clin d’œil », explique le producteur installé sur la commune de Lemps (Ardèche). Une situation difficile à encaisser surtout lorsque les frais de récolte et de traitement sont engagés. « Pour limiter la casse et assurer des produits sains, sur certaines variétés, je n’ai pas attendu la maturité complète des fruits. Mais j’ai perdu en poids et en calibre », dit-il. Les pertes économiques sont énormes. « Nos trésoreries ont été mises à mal », indique l’arboriculteur dont l’atelier de cerises représente 30 % de son chiffre d’affaires (1). « Et pour le moment, malgré les promesses du ministère, aucune indemnisation n’est en vue », souligne Sylvain Bertrand, un des voisins de Rémi, par ailleurs président de Jeunes Agriculteurs Ardèche.
« Un gâchis écologique »
La colère des deux arboriculteurs est d’autant plus grande qu’ils estiment que les ravages causés par la drosophila ont été accentués par l’interdiction, au début de l’année, du diméthoate, « seul traitement efficace ». « Cette décision est un véritable gâchis écologique », poursuit Sylvain. Tous deux s’insurgent contre la stratégie de lutte chimique imposée. « D’un traitement à deux passages avec le diméthoate, nous sommes montés à huit passages avec les insecticides désormais autorisés. Nous sommes bien loin des objectifs de réduction de l’utilisation de produits phytosanitaires prônée par le plan Ecophyto 2. » « Et sans résultat probant ! », s’exclame Rémi. Le producteur est agacé : « Ma décision est prise. J’arrache un hectare cette année. Pas question de continuer à travailler dans ces conditions. » Et Sylvain de conclure : « Il est urgent que l’État assume les conséquences de cette décision prise arbitrairement. Si la filière de la cerise n’a plus de perspectives, elle ne se recréera pas. »
Camille Penet(1) Rémi Vernet cultive aussi 8 ha de pommes de terre, 25 ha de céréales et possède un atelier de volailles de chair.
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